Appel lancé par les participants à l’atelier d’échange et de formation des jeunes des pays ACP sur les outils du Web2.0 pour le Développement Agricole et Rural (Accra, 7 au 11 mars 2011)

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Nous,  environ 30 jeunes, acteurs du développement rural, jeunes chercheurs et étudiants, représentant 18 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, avons pris part, du 7 au 11 mars 2011 à Accra (Ghana), à des débats animés sur les politiques agricoles et l’implication de la jeunesse dans ce secteur. Nous avons renforcé et partagé nos connaissances sur l’utilisation  de divers nouveaux outils numériques pour moderniser le travail dans le secteur agricole. C’était à l’occasion de l’Atelier d’échange et de formation des jeunes sur les outils du Web2.0 pour le développement agricole et Rural.

Nous avons été réunis par l’initiative « Agriculture développement rural et Jeunesse dans la société de l’information » (ARDYIS), mise en oeuvre par le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale ACP-UE (CTA) en collaboration avec plusieurs partenaires. Les sessions d’échanges, intenses, pratiques et multilingues, ainsi que l’atelier de renforcement des capacités TIC ont été organisés en partenariat avec l’Institute for Scientific and Technological Information (CSIR – INSTI) du Ghana. Nous sommes désormais motivés et préparés à partager nos compétences nouvellement acquises dans les outils avancés du web 2.0 et à soutenir le réseautage au sein de la jeunesse impliquée dans le développement agricole et rural dans nos pays.

  • Du besoin de soutiens politiques
Nous croyons fortement que nos compétences nouvelles en matière d’utilisation des TIC, notre nature ingénieuse, notre enthousiasme et toute réussite que nous pourrons atteindre nécessitent des politiques agricoles tout aussi pertinentes, réfléchies, multi-dimensionnelles et dynamiques dans tous les pays ACP. Nous reconnaissons que la situation entre pays varie mais nous partageons les mêmes réalités sur beaucoup d’aspects clés. Dans beaucoup de pays ACP, l’agriculture représente plus de 50 % du produit intérieur brut et la jeunesse, indépendamment de la façon dont elle a été définie, constitue une large portion de la population. En Afrique, plus de 60 % de la population sont actifs dans le secteur agricole. Néanmoins, l’implication de la jeunesse dans le secteur reste étonnamment bas, alors que le taux de chômage dans cette population reste particulièrement élevé.
  • Recommandations politiques

Rappelant la nouvelle reconnaissance internationale de l'importance de l'agriculture pour nos pays, nous exhortons les gouvernements et institutions ACP  à nous aider à prendre en charge cette problématique clé du développement, notamment en nous impliquant dans un dialogue constructif autour des recommandations politiques suivantes :

Au sujet de l’enseignement de l’agriculture

Recommandation 1 : Opérer une révision approfondie du contenu des programmes d’enseignement de l’agriculture dans tout le groupe des pays ACP. Ce contenu DOIT refléter le dynamisme du secteur agricole et doit notamment intégrer des cours et modules qui apportent aux étudiants les compétences nécessaires pour rédiger et mettre en œuvre des projets d’entreprise ; ces programmes doivent également leur permettre de pouvoir utiliser, analyser et développer des applications TIC pour le développement agricole.

L'absence de l’agriculture dans le cursus scolaire, en particulier au niveau de l'enseignement obligatoire dans certains pays ACP, est indéfendable. Le mode actuel de l'éducation dans la plupart des pays en développement est orienté vers la formation de « cols blancs », ce qui ne reflète pas le contexte économique et social pour lequel nous sommes formés. Il ne s'agit pas de suggérer que les pays ACP ne s’engagent pas dans une certaine expansion économique ; cependant les politiques éducatives ne doivent pas nier les besoins actuels de l'économie. Une des réponses consiste à encourager l’intégration significative de l'agriculture dans les programmes des écoles primaires et secondaires. Dans de nombreux cas, l'agriculture est considérée comme une composante optionnelle qui est enseignée avec peu d’enthousiasme; son introduction généralisée et obligatoire, appuyée par des ressources appropriées, aidera à motiver les jeunes à avoir une opinion plus positive des possibilités d'emplois dans le secteur.

Mesures incitatives pour la recherche et la formation

Recommandation 2 : Mettre en place un ensemble adapté de bourses, de subventions d'études, de formations et de prêts de recherche à taux réduits pour les jeunes de moins de 35 ans qui sont désireux de poursuivre des études dans les domaines clés du développement agricole et rural, tels que l'agronomie, la biotechnologie, la vulgarisation agricole, la science et les technologies alimentaires, l’ingénierie agricole, la chimie agricole et la gestion de l'eau.

Présentement, dans la plupart des pays ACP, le système éducatif favorise les arts et les sciences sociales, secteurs qui, dans nos économies, se  développent trop lentement pour fournir suffisamment d’opportunités d’emplois. Ceci devrait être complété avec des dispositifs d’apprentissage améliorés.

Renforcement des capacités

Recommandation 3 : Mettre en place et expérimenter un solide programme de vulgarisation par les pairs, adapté au contexte local, concernant les bonnes pratiques agricoles et l’agro-alimentaire ; instituer également un programme d'agents TIC pour renforcer les capacités des jeunes et nouveaux agriculteurs pour les aider à développer leurs activités commerciales, à la fois dans les régions éloignées et en zones urbaines. Ces dispositifs peuvent également être intégrés dans les programmes de service national des jeunes. Nous demandons aussi l’augmentation des allocations pour les chercheurs travaillant sur de nouvelles solutions aux défis agricoles dans les universités des pays ACP.

Notre expérience collective montre qu’un grand nombre de jeunes des pays ACP sont intéressés à poursuivre une carrière dans le domaine de l'agriculture mais qu’ils sont handicapés par des compétences, des connaissances et des possibilités de formation limitées. La résolution de ces problèmes complexes nécessite une attention urgente. Il en résultera une croissance forte des économies  vu l’impérieuse nécessité de réduire les importations de produits alimentaires.

Appui financier

Recommandation 4 : Créer des conditions financières claires, permettant l’octroi de micro-crédits sans garantie adaptés aux besoins des jeunes agriculteurs et des développeurs de logiciels dédiés au monde rural et agricole. À court terme, nous appelons également les gouvernements des pays ACP à instaurer des fonds (prêts, dons) spécifiquement destinés aux jeunes agriculteurs et développeurs d’applications TIC.

Généralisation de l’utilisation des TIC

Recommandation 5 : Mettre en place des incubateurs d'entreprises TIC dans les différentes régions au cours des cinq prochaines années pour favoriser l’émergence de réponses efficaces contextuelles et technologiques aux problèmes agricoles. Ceci viendrait en appui aux processus de décentralisation que nous exhortons les responsables politiques des pays ACP à accélérer immédiatement. Dans ce contexte, le renforcement de capacités  des agriculteurs et des formateurs, afin qu’ils puissent maîtriser les applications des TIC, est une question primordiale.

Il y a un usage relativement limité des TIC dans le secteur agricole dans les pays ACP. L'adoption des TIC et des autres nouvelles technologies dans l'agriculture est fortement tributaire des compétences des formateurs qui sont généralement des agents de vulgarisation. La formation de pool d'agents de vulgarisation très compétents est cruciale pour la mise en œuvre réussie de la recommandation ci-dessus. L’amélioration des infrastructures de communication et de transport est également nécessaire.

Cadre juridique, égalité des sexes et jeunes marginalisés

Recommandation 6 : Il est vital de mettre en place des instruments juridiques pour faciliter la participation accrue des jeunes dans les TIC, en particulier les femmes, les jeunes handicapés et les jeunes marginalisés ayant les compétences adéquates et qui en manifestent l’intérêt. Nous approuvons clairement qu’il soit accordé une priorité à ces groupes dans les programmes de réforme agraire. Nous demandons également aux pays ACP d'institutionnaliser de façon significative la participation des jeunes dans la prise de décision en matière de politique agricole, en tenant pleinement compte des différents besoins des hommes et des femmes et des défis différents auxquels ils sont confrontés.

L'accès aux ressources dans les pays en développement est souvent restreint à des groupes excluant les jeunes, en particulier les femmes et les jeunes des communautés marginalisées. Cette situation est aggravée par un manque de dispositifs juridiques garantissant l'égalité des chances pour les jeunes, en particulier les femmes et les jeunes issus de milieux marginalisés. Le développement des pays ACP dépend de la création d'opportunités équitables pour tous, soutenue par des lois claires et contraignantes.

Nous reconnaissons que les recommandations faites ici ne sont pas suffisantes pour traiter la totalité des difficultés rencontrées par les jeunes agriculteurs dans les pays ACP. Néanmoins, ces six recommandations clés sont essentielles à tout effort qui entend aider à modifier l'image peu reluisante et les divers défis du secteur agricole dans le groupe ACP. Nous sommes impatients de poursuivre le dialogue avec les décideurs politiques, les militants, les jeunes agriculteurs, les chercheurs et tous ceux qui partagent notre cause.

Faisons en sorte que nos pays ACP deviennent des endroits agréables où il fait bon vivre, apprendre, travailler, que nous allons développer et que nous pouvons fièrement appeler  notre demeure ! A l’image de la déclaration récente d’un dirigeant de l’Union Africaine, nous proclamons « Commençons à nourrir les ACP à travers les nouvelles technologies : AGISSONS MAINTENANT ! »

Accra, le 11 mars 2011

Nawsheen during call


Signataires :


Jeunes participants
Umeasiegbu Nonyelum Sandra (Nigeria) - Anthony Itodo Samuel (Nigeria) - Tia Moses Nganwani (Ghana) - Christie Samantha-Kaye Deniseb (Jamaïque) - Chanda Isaac (Zambie) – Kenosi Loeto Ronald (Botswana) - Hosenally Bibi Nawsheen (Maurice) - Gondwe Sangwani Rebeccah (Malawi) - Haynes Jason (Saint Vincent et les Grenadines) - George Marcus (Trinité et Tobago) - Gosai Riten Chand (Iles Fidji) – Menzies Gaynelle (Jamaïque) - Hall Tyrone Christopher (Jamaïque) - Moot Dennis (Ghana) – Ngige Chris Mwangi (Kenya) - Zvavanyange Raymond Erick (Zimbabwe) – Mangena Gerald Musakaruka (Zimbabwe) - Adaha Zodigbé Aristide (Bénin) - Dacko Goudjo Gabriel (Cameroun) - Traore Inoussa (Burkina Faso) - Wilson Gitau Karuga (Kenya) - Diouf Moustapha Waly (Sénégal) - N'Dépo Akaffou Euphrem (Côte d'Ivoire) – Makau Caroline Mwende (Kenya).
Autres acteurs présents qui appuient cet appel
Martine Koopman (International Institute for Communication and Development - IICD) - John Stephen Agbenyo (SavSign, Ghana) - Koffi Akoutse (ONG École et vie, Togo) - Martin Bosompem (Young Professionals’ Platform  for Agricultural research for Development - YPARD) - Technical Center For Agricultural and Rural Cooperation (CTA), Institute for Scientific and Technological Information (CSIR – INSTI - Ghana).

ARDYIS est mis en œuvre en partenariat avec un comité consultatif qui comprend :le  Forum for Agricultural Research in Africa (FARA), l’African Network for Agriculture, l’Agroforestry and Natural Resources Education (ANAFE), le Pacific Agriculture and Forestry Policy Network (SPC/PAFPNet),le  Caribbean Farmers’ Network (CAFAN), l’association Yam-Pukri (Burkina Faso), l’African Youth Foundation (AYF).
 
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L’heure est-elle au combat contre la fuite des cerveaux en Afrique ?

Beaucoup de voix s’élèvent pour décrier, fustiger et même exiger des mesures actives pour décourager ou empêcher le départ des jeunes africains vers Occident à la recherche d’emplois. Un tel combat est t-il justifié au regard du contexte politique et socio-économique actuel de la plupart des pays africains? La réponse est sans doute à mon avis négative. Je ne pense pas que l’émigration des jeunes africains vers l’occident est un phénomène à combattre, en tout cas, pas à l’état actuel des choses. On ne peut pas décrier ce phénomène qualifié de « fuite de cerveaux » tant que les conditions ne sont pas réunies pour que les jeunes talentueux puissent intégrer le tissu économique de leur pays et participer à son émergence.
N’a-t-on pas déjà vu des jeunes cadres qui, une fois rentrés dans leurs pays à la fin de leurs études en Occident et munis de bons projets, ont été contraints de retourner en Europe ou ailleurs juste parce qu’ils n’ont pas trouvé des conditions idéales pour exécuter ces projets ?
N’a-t-on pas déjà assisté à des cas où les jeunes talentueux, ayant voulus engager des réformes pertinentes pour mieux faire fonctionner l’administration publique, ont été écartés, anéantis, éliminés voire nuits par les aînés ?
Combattre l’émigration ne serait t- il pas priver l’Afrique de l’une de ses principales sources de devises et maintenir des dizaines de millions de populations et surtout des ruraux qui en dépendent dans la misère et l’ignorance ?
En tout cas, selon les statistiques et les analyses économiques, un éventuel combat contre la fuite des cerveaux ne serait pas un combat salutaire particulièrement pour les états africains. Loin de dénoncer ce phénomène, il serait mieux que les décideurs politiques pensent à comment organiser ce circuit pour tirer profit des milliards de devises qu’il génère pour leurs petites économies. Les états africains ont intérêts à mieux valoriser le potentiel économique que constitue la diaspora africaine. D’après le nouveau rapport publié par le FIDA (2010), les travailleurs africains envoient chaque année plus de 40 milliards de dollars américains vers leurs pays d’origine. Alors que l’aide publique au développement de l’Afrique est évaluée à 43.9 milliards de dollars en 2009. Cependant, une plus grande partie des sommes envoyées par les émigrés ne serait peut-être pas comptabilisée, et donc pas prise en compte dans les statistiques nationales de nombreux pays. Des statistiques récentes montrent d’ailleurs que les transferts vers l’Afrique égalisent déjà l’aide publique au développement et même la dépasse. 30 à 40% de fonds transférés sont acheminés dans les zones rurales. Ils servent surtout à la couverture des besoins de base et de dépenses d’urgence ou sociales des familles dans les pays d’origine. Ils permettent d’envoyer un enfant à l’école, de construire des maisons, des centres de santé ou d’acheter des nourritures. Un exemple frappant est celui de la région de la région de Kayes au Mali où l’argent envoyé par des Maliens vivant en France a contribué à la construction de 60 % des infrastructures de la région en dehors de la part investie dans les dépenses alimentaires, les soins de santé, l’achat des fournitures scolaires, …
Alors, pensez-vous que ces compatriotes pouvaient créer une telle richesse s’ils étaient restés dans leur pays ? N’allaient t-ils pas augmenter de façon drastique le taux de chômage et contribuer à la précarité actuelle de l’emploi ?
Le débat actuel serait de réfléchir à comment faire de ces ressources transférées par la diaspora africaine une plus grande source de financement du développement et à mieux la répartir dans les secteurs productifs. Le problème de l’Afrique n’est pas celui d’un manque de compétences ; où même s’il en est, il devrait en être moins. En effet, lorsque les conditions seront réunies pour que les Africains restent en Afrique, ils le seront. Le réel problème est plutôt un manque de vision et de véritable politique de développement ajoutées aux défaillances des systèmes de gouvernance.

Synthèse des discussions en ligne des jeunes francophones ACP sur la "Jeunesse, TIC et développement agricole et rural"

Durant les mois de Janvier et février, deux thèmes principaux ont fait l’objet de discussion sur la liste francophone. En rappel ces listes de discussions ont été crées par les responsables du Projet ARDYIS du CTA pour permettre aux jeunes d’échanger leurs expériences, de partager les opportunités et de discuter des enjeux actuels du développement sous l’aspect « jeunesse, TIC et monde rural ».
La liste francophone est modérée par Inoussa TRAORE, finaliste Afrique de l’Ouest du concours de rédaction ARDYIS 2010, Gabriel Dacko Goudjo, lauréat Afrique centrale du concours et par Alain Rivaldo Kpadonou, meilleur participant au concours de rédaction 2010.
Les deux sujets qui ont fait l’objet de discussions ont porté respectivement sur les thèmes ci-après :
-                      -     Les Technologies de l’information et de la communication, nos Etats et le monde rural
-                      -     Entreprenariat, solution au développement des zones rurales
Le premier thème qui a été proposé par Inoussa TRAORE avait essentiellement pour but de planter le décor en montrant d’une part l’état des lieux des TIC dans le monde rural de nos différents pays et d’autres part les politiques e-services pour le développement du monde rural entreprises par nos différents Etats.
Le deuxième thème quant à lui, invitait chacun à donner son point de vue sur la question de savoir comment l’entreprenariat des jeunes dans le domaine des TIC notamment pouvait être une solution pour la réduction du chômage des jeunes et  le développement du milieu rural. Ce thème a été lancé par Gabriel Goudjo.
D’une manière générale, les participants sur la liste ont été très actifs à travers des contributions très enrichissantes.
Dans la suite, nous vous présentons brièvement une synthèse des différents points de vue qui ont été développées par rapport à ces thèmes.
Il faut aussi préciser qu’en plus de ces deux thèmes, de nombreux autres échanges ont lieu sur la liste portant notamment sur des opportunités pour les jeunes.

Initiatives/Vision politiques pour le développement des TIC dans le milieu rural
Si l’avènement des TIC a offert de nouvelles opportunités de développement pour nos Etats, certains auteurs n’ont pas hésité à interpeller plus d’un sur le risque d’une accentuation de la fracture entre milieu rural et urbain avec une nouvelle fracture qu’ils ont appelé « fracture numérique ». C’est conscient de cette réalité que de nombreux Etats ont entrepris d’accorder une place de choix au milieu rural dans l’élaboration de leur cyberstratégie nationale. Les discussions sur le premier thème ont permis de faire un tour d’horizon de cette réalité dans les différents Pays.
Ainsi Inoussa Traoré du Burkina, rapporte ceci : « le Burkina Faso a entrepris depuis 2009 un projet d’élaboration d’une cyberstratégie nationale avec des volets sectoriels. L’un des volets qui ne passe pas inaperçu dans cette stratégie est sans doute le volet e-services pour le développement du monde rural. Ce volet consiste en la mise en place d’un certain nombre de projets structurants adaptés et prioritaires pour d’une part le désenclavement numérique et la réduction de la fracture numérique et d’autres part le développement par les jeunes ruraux d’activités génératrices de revenus dans le domaine des TIC. »
Dans le même ordre d’idées, Rivaldo Kpadonou rappelle tout d’abord le contexte dans lequel le Bénin se trouvait en matière de TIC dans le monde rural avant de présenter les initiatives à proprement parler. Ainsi selon Kpadonou, « Il y a quelques années au Bénin, le téléphone mobile était l'affaire des privilégiés et des grandes agglomérations. Aujourd'hui plus de 75%  des villages et zone rurales sont couverts par les réseaux GSM. Ce qui facilite aux populations rurales l'accès rapide à certains outils et informations. Toute fois l'accès à l'outil internet qui ouvre plus d'horizon aux jeunes ruraux reste encore problématique. Le développement dernier de la Technologie EDGE (Connexion à l'aide de clé usb) à donné aux uns et aux autres une lueur d'espoir. Mais la question de l'énergie reste toujours problématique. »
Pour ce qui est des politiques entreprises par les Etats, Gabriel Goudjo du Cameroun nous rapporte ceci : « Le gouvernement entreprend actuellement principalement 2 projets phares. Tous  visent en particulier les zones rurales. Le premier est la construction  des Télécentres
communautaires polyvalents(TCP). 
Le second projet qui est complémentaire du premier est le"e-government"(gouvernance électronique) qui vise à apporter de façon virtuelle (à travers internet) les services administratifs dans les zones ou ils ne sont pas présents  physiquement. »
L’expérience du Burkina rapporté par IT s’inscrit dans la même logique. Selon ce dernier « un certain nombre de projets à savoir la création d’un site portail et de promotion de produits multimédias, la création d’un fonds pour des centres de ressources électroniques communautaires dans le monde rural, la mise en place d’un centre d’informations et de formation pour des solutions TIC adaptées au monde rural et la mise en place d’une plate forme de e-services pour le monde rural (afin d’accroître la performance des acteurs du monde rural), sont entrain d’être mis en œuvre. »
Rôle de  l'entreprenariat dans l'utilisation des TIC en milieu rural
Pour ce qui est du deuxième thème, les échanges des jeunes ont porté sur le rôle des initiatives privées notamment de l’entrepreneuriat  pour améliorer l’accès des populations rurales aux TIC et apporter des transformations notables dans le monde rural et agricole. Les discussions menées dans ce cadre soutiennent que l’entrepreneuriat numérique peut énormément contribuer à la promotion et l’utilisation des TIC pour  le développement agricole et rural. En effet, l’entrepreneuriat peut faciliter l’accès des paysans et des jeunes ruraux à une gamme variée de services dans la société de l’information. Il peut également offrir nombre de nouveaux débouchés et d’opportunités donnant des possibilités de créer de nouveaux moyens d’existences ou de sécuriser ceux existants. Ce qui constitue une contribution non négligeable à la réduction du chômage et l’amélioration des conditions de vie des populations rurales. Toutefois de nombreux intervenants sur la liste ont relevé que cette contribution de l’entrepreneuriat se trouve fortement limitée par de nombreuses contraintes qu’il faudra  nécessairement lever  pour accompagner les initiatives privées et la jeunesse dans la lutte contre la fracture numérique et l’intégration des communautés rurales dans la société de l’information

Contraintes et suggestions à la promotion de l'entreprenariat numérique en milieu rural
Les discussions sur le rôle de l’entrepreneuriat dans la promotion et l’utilisation des TIC au service du développement agricole et rural ont conduit les jeunes à analyser les conditions dans lesquels la promotion des micro-entreprises peut réellement être utile dans le combat contre le fossé numérique en milieu rural. Ainsi, bien qu’en étant conscients de ce que les jeunes ruraux doivent prendre leur destin en main et ne plus toujours tout espérer des pouvoirs politiques, la plupart des interventions ont souligné avec insistance les énormes responsabilités qui incombent aux gouvernements dans la promotion de l’entrepreneuriat numérique en zone rurale. Pour leur part, les jeunes ont reconnus la nécessité à eux de prendre des initiatives de tout genre et si petites qu’elles soient, afin d’amorcer le développement des TIC en milieu rural et leur utilisation aux services du développement agricole. Il n’est donc plus question pour les jeunes de rester les bras croisés dans la vaine espérance des solutions techniques complètes ou miraculeuses en provenance d’un quelconque "état providence" pour résoudre les problèmes auxquels la jeunesse est confrontée dans la société de l’information.

Mais, pour que les initiatives des jeunes puissent être durables et utiles pour les ruraux notamment le monde agricole, les pouvoirs politiques doivent nécessairement jouer leur partition. Cette dernière devra consister selon les jeunes en la sensibilisation et le renforcement des capacités des jeunes ruraux et même des paysans à utiliser les TIC et à comprendre les possibilités qu’offrent ces technologies aux différentes catégories socioprofessionnelles. Outre la sensibilisation et le renforcement des capacités, les interventions des pouvoirs publics doivent aussi consister à améliorer l’accessibilité aussi bien physique qu’économique des TIC aux populations rurales. Pour ce faire, les problèmes techniques notamment ceux liés à l’accès à l’électricité et de connectivité dans les milieux ruraux doivent trouver des solutions efficaces et durables. Les exonérations sur les taxes et/ou les subventions sont nécessaires  pour amoindrir les coûts des services fournis  par les télécentres communautaires, les cybercafés et autres micro-entreprises numériques installées dans les milieux ruraux afin de les rendre économiquement accessibles aux populations rurales. En réalité, seuls les TIC de proximité et économiquement accessibles peuvent véritablement permettre de réduire la fracture numérique en milieu rural. L’entreprenariat devra donc répondre à ces conditions pour améliorer l’implication des populations rurales dans la société de l’information.


Synthèse réalisée par : Inoussa Traoré (Burkina Faso), Rivaldo A. Kpadonou (Bénin), Gabriel D. Goudjo (Cameroun)