Synthèse des discussions en ligne des jeunes francophones ACP sur la "Jeunesse, TIC et développement agricole et rural"

Durant les mois de Janvier et février, deux thèmes principaux ont fait l’objet de discussion sur la liste francophone. En rappel ces listes de discussions ont été crées par les responsables du Projet ARDYIS du CTA pour permettre aux jeunes d’échanger leurs expériences, de partager les opportunités et de discuter des enjeux actuels du développement sous l’aspect « jeunesse, TIC et monde rural ».
La liste francophone est modérée par Inoussa TRAORE, finaliste Afrique de l’Ouest du concours de rédaction ARDYIS 2010, Gabriel Dacko Goudjo, lauréat Afrique centrale du concours et par Alain Rivaldo Kpadonou, meilleur participant au concours de rédaction 2010.
Les deux sujets qui ont fait l’objet de discussions ont porté respectivement sur les thèmes ci-après :
-                      -     Les Technologies de l’information et de la communication, nos Etats et le monde rural
-                      -     Entreprenariat, solution au développement des zones rurales
Le premier thème qui a été proposé par Inoussa TRAORE avait essentiellement pour but de planter le décor en montrant d’une part l’état des lieux des TIC dans le monde rural de nos différents pays et d’autres part les politiques e-services pour le développement du monde rural entreprises par nos différents Etats.
Le deuxième thème quant à lui, invitait chacun à donner son point de vue sur la question de savoir comment l’entreprenariat des jeunes dans le domaine des TIC notamment pouvait être une solution pour la réduction du chômage des jeunes et  le développement du milieu rural. Ce thème a été lancé par Gabriel Goudjo.
D’une manière générale, les participants sur la liste ont été très actifs à travers des contributions très enrichissantes.
Dans la suite, nous vous présentons brièvement une synthèse des différents points de vue qui ont été développées par rapport à ces thèmes.
Il faut aussi préciser qu’en plus de ces deux thèmes, de nombreux autres échanges ont lieu sur la liste portant notamment sur des opportunités pour les jeunes.

Initiatives/Vision politiques pour le développement des TIC dans le milieu rural
Si l’avènement des TIC a offert de nouvelles opportunités de développement pour nos Etats, certains auteurs n’ont pas hésité à interpeller plus d’un sur le risque d’une accentuation de la fracture entre milieu rural et urbain avec une nouvelle fracture qu’ils ont appelé « fracture numérique ». C’est conscient de cette réalité que de nombreux Etats ont entrepris d’accorder une place de choix au milieu rural dans l’élaboration de leur cyberstratégie nationale. Les discussions sur le premier thème ont permis de faire un tour d’horizon de cette réalité dans les différents Pays.
Ainsi Inoussa Traoré du Burkina, rapporte ceci : « le Burkina Faso a entrepris depuis 2009 un projet d’élaboration d’une cyberstratégie nationale avec des volets sectoriels. L’un des volets qui ne passe pas inaperçu dans cette stratégie est sans doute le volet e-services pour le développement du monde rural. Ce volet consiste en la mise en place d’un certain nombre de projets structurants adaptés et prioritaires pour d’une part le désenclavement numérique et la réduction de la fracture numérique et d’autres part le développement par les jeunes ruraux d’activités génératrices de revenus dans le domaine des TIC. »
Dans le même ordre d’idées, Rivaldo Kpadonou rappelle tout d’abord le contexte dans lequel le Bénin se trouvait en matière de TIC dans le monde rural avant de présenter les initiatives à proprement parler. Ainsi selon Kpadonou, « Il y a quelques années au Bénin, le téléphone mobile était l'affaire des privilégiés et des grandes agglomérations. Aujourd'hui plus de 75%  des villages et zone rurales sont couverts par les réseaux GSM. Ce qui facilite aux populations rurales l'accès rapide à certains outils et informations. Toute fois l'accès à l'outil internet qui ouvre plus d'horizon aux jeunes ruraux reste encore problématique. Le développement dernier de la Technologie EDGE (Connexion à l'aide de clé usb) à donné aux uns et aux autres une lueur d'espoir. Mais la question de l'énergie reste toujours problématique. »
Pour ce qui est des politiques entreprises par les Etats, Gabriel Goudjo du Cameroun nous rapporte ceci : « Le gouvernement entreprend actuellement principalement 2 projets phares. Tous  visent en particulier les zones rurales. Le premier est la construction  des Télécentres
communautaires polyvalents(TCP). 
Le second projet qui est complémentaire du premier est le"e-government"(gouvernance électronique) qui vise à apporter de façon virtuelle (à travers internet) les services administratifs dans les zones ou ils ne sont pas présents  physiquement. »
L’expérience du Burkina rapporté par IT s’inscrit dans la même logique. Selon ce dernier « un certain nombre de projets à savoir la création d’un site portail et de promotion de produits multimédias, la création d’un fonds pour des centres de ressources électroniques communautaires dans le monde rural, la mise en place d’un centre d’informations et de formation pour des solutions TIC adaptées au monde rural et la mise en place d’une plate forme de e-services pour le monde rural (afin d’accroître la performance des acteurs du monde rural), sont entrain d’être mis en œuvre. »
Rôle de  l'entreprenariat dans l'utilisation des TIC en milieu rural
Pour ce qui est du deuxième thème, les échanges des jeunes ont porté sur le rôle des initiatives privées notamment de l’entrepreneuriat  pour améliorer l’accès des populations rurales aux TIC et apporter des transformations notables dans le monde rural et agricole. Les discussions menées dans ce cadre soutiennent que l’entrepreneuriat numérique peut énormément contribuer à la promotion et l’utilisation des TIC pour  le développement agricole et rural. En effet, l’entrepreneuriat peut faciliter l’accès des paysans et des jeunes ruraux à une gamme variée de services dans la société de l’information. Il peut également offrir nombre de nouveaux débouchés et d’opportunités donnant des possibilités de créer de nouveaux moyens d’existences ou de sécuriser ceux existants. Ce qui constitue une contribution non négligeable à la réduction du chômage et l’amélioration des conditions de vie des populations rurales. Toutefois de nombreux intervenants sur la liste ont relevé que cette contribution de l’entrepreneuriat se trouve fortement limitée par de nombreuses contraintes qu’il faudra  nécessairement lever  pour accompagner les initiatives privées et la jeunesse dans la lutte contre la fracture numérique et l’intégration des communautés rurales dans la société de l’information

Contraintes et suggestions à la promotion de l'entreprenariat numérique en milieu rural
Les discussions sur le rôle de l’entrepreneuriat dans la promotion et l’utilisation des TIC au service du développement agricole et rural ont conduit les jeunes à analyser les conditions dans lesquels la promotion des micro-entreprises peut réellement être utile dans le combat contre le fossé numérique en milieu rural. Ainsi, bien qu’en étant conscients de ce que les jeunes ruraux doivent prendre leur destin en main et ne plus toujours tout espérer des pouvoirs politiques, la plupart des interventions ont souligné avec insistance les énormes responsabilités qui incombent aux gouvernements dans la promotion de l’entrepreneuriat numérique en zone rurale. Pour leur part, les jeunes ont reconnus la nécessité à eux de prendre des initiatives de tout genre et si petites qu’elles soient, afin d’amorcer le développement des TIC en milieu rural et leur utilisation aux services du développement agricole. Il n’est donc plus question pour les jeunes de rester les bras croisés dans la vaine espérance des solutions techniques complètes ou miraculeuses en provenance d’un quelconque "état providence" pour résoudre les problèmes auxquels la jeunesse est confrontée dans la société de l’information.

Mais, pour que les initiatives des jeunes puissent être durables et utiles pour les ruraux notamment le monde agricole, les pouvoirs politiques doivent nécessairement jouer leur partition. Cette dernière devra consister selon les jeunes en la sensibilisation et le renforcement des capacités des jeunes ruraux et même des paysans à utiliser les TIC et à comprendre les possibilités qu’offrent ces technologies aux différentes catégories socioprofessionnelles. Outre la sensibilisation et le renforcement des capacités, les interventions des pouvoirs publics doivent aussi consister à améliorer l’accessibilité aussi bien physique qu’économique des TIC aux populations rurales. Pour ce faire, les problèmes techniques notamment ceux liés à l’accès à l’électricité et de connectivité dans les milieux ruraux doivent trouver des solutions efficaces et durables. Les exonérations sur les taxes et/ou les subventions sont nécessaires  pour amoindrir les coûts des services fournis  par les télécentres communautaires, les cybercafés et autres micro-entreprises numériques installées dans les milieux ruraux afin de les rendre économiquement accessibles aux populations rurales. En réalité, seuls les TIC de proximité et économiquement accessibles peuvent véritablement permettre de réduire la fracture numérique en milieu rural. L’entreprenariat devra donc répondre à ces conditions pour améliorer l’implication des populations rurales dans la société de l’information.


Synthèse réalisée par : Inoussa Traoré (Burkina Faso), Rivaldo A. Kpadonou (Bénin), Gabriel D. Goudjo (Cameroun)

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